Aurores hivernales

Le soir tombe maintenant trop tôt. Quand je sors du travail, la nuit est déjà tombée... mais....  l'heure que l'on a gagnée le matin fait que tous les matins, partant vers l'Est, le soleil se lève devant moi. Si l'horizon est dégagée, le soleil, le gros ballon rouge apparaît par dessus l'horizon, et m'éblouit. Il paraît qu'on ne peut pas regarder le soleil en face, et je ne vois plus la route ; si bien que je ralentis, je baisse mon pare-soleil, je cligne des yeux et je ne peux contempler le ciel qui, pour moi,  ne prend alors des teintes oranges qu'au détour des virages, je baisse mes yeux sur la route à la recherche d'un obstacle éventuel, quand le soleil se cache sur le  coté gauche de la voiture. Beaucoup me doublent. Ils n'ont pas les mêmes yeux que moi, qui suis pourtant protégée par mes verres aux teintes changeantes.

Puis, il y a ces matins où les nuages cachent légèrement le soleil levant, qui envoie ses rayons à la verticale vers le ciel. Il y a ces aurores où des raies de  lumière blanche sortent  d'un nuage,  où la clarté qui inonde le trou dans les nuées est si resplendissante que je vois devant moi une peinture, Michel-Ange et la création du monde. Dans ce trou d'azur mi-bleutée, mi-rosée la sérénité envahit mes yeux et mon esprit. Et tant que la route est sans encombres, je sens cette paix entrer en moi.

Puis, il y a ces nuages qui au gré des vents se superposent. Là bas à l'horizon devant le soleil, les cumunlo-nimbus forment une rangée de fumée bleutée, tandis que plus près les strato-cumulus laissent percer la lumière rose et entrevoir des pans de firmament d'opalescence pastelle. Tout à l'avant un petit morceau de coton blanc, ou un petit mouton laineux se promène tout seul dans l'azur, à la limite de la coloration matinale et du ciel qui s'éclaicit.

Puis, il y a ces matins de brume, où ça et là des rayons timides percent, et où une couleur d'un rose très tendre, comme celui d'un bonbon de grand-mère aux teintes surranées, se laisse parfois entrevoir derrière la couche de vapeur si fine.

Un monde impalpable qui ravit mes sens, et me rend prête à la journée.

Seppelinne